En bref
Historique
Unique en son genre, premier vestige d’un passé douloureux, le cimetière regroupe en ses terres les reliques des premiers esclaves de Bourbon à côté de celles des premières familles de Saint-Louis. Ici des enfants, des femmes et des hommes arrachés de leurs terres pour servir d'esclaves dans les champs de canne à sucre de la fin du XVIIème siècle ont été jetés en fosse.
Le Père Lafosse est entré dans l'histoire de Saint-Louis et de l'île de la Réunion, grâce à la dévotion populaire, il laisse même aujourd'hui une réputation de sainteté, qui vaut à sa sépulture une vénération qui défie les ans.
La tombe du père Lafosse (1745-1820)
Ce prêtre lazariste devint maire de Saint-Louis en 1790 : un ardent militant abolitionniste et un défenseur des droits humains des esclaves. À ce titre, il est considéré comme un agitateur et un ennemi du système colonial : il est condamné au bannissement à l'issue du soulèvement du 26 mai 1798. Le père Lafosse et d'autres chefs de révolte sont alors condamnés à la déportation en Inde. Le 8 juin, ils sont embarqués sur le navire « La Lorette ». En décembre, on signale le retour dans le Sud de la plupart des condamnés, à l'exception du père Lafosse, qui restera en exil jusqu'en 1802. Il meurt en 1820, et, sans preuve, la mémoire collective prétendra qu'il a été assassiné.
Sa tombe constitue un véritable lieu de pèlerinage, les Réunionnais viennent s'y recueillir, prier ou allumer un cierge notamment à l'occasion du 20 décembre, jour de la commémoration locale de l'abolition de l'esclavage en 1848.
Le cimetière des âmes perdues
En 2004, le cimetière a été rénové et en 2009, une stèle y a été installée par Paul Vergès, en l'honneur des esclaves morts et enterrés dans l'indifférence. Elle rappelle que le Code Noir les réduisaient à l'état de meuble et effaçait toute trace de leur présence. Cette stèle vise aussi à entretenir la mémoire sur un pan tragique de l'histoire de l'île et du monde. François Hollande, alors candidat à l'élection présidentielle, l'a visité en avril 2012.
Mémoire
Les réunionnais, le 20 décembre, pour la commémoration locale de la date anniversaire de l'esclavage, se rendent au cimetière des âmes perdues, pour rendre hommage aux esclaves qui y sont ensevelis et à leur défenseur.
Une façon de perpétuer le souvenir de cet homme qui avait voulu la liberté pour tous les hommes.
Plaque commémorative
« Des centaines de milliers de femmes, enfants et hommes ont été arrachés à leur terre pour être réduits à l'esclavage. Le Code Noir les réduisait à l'état de bien meubles. L'esclavage colonial les a privés de sépulcres et a effacé toute trace de leur présence… »
Source d'information
- FME