James Arthur Baldwin est un écrivain américain, reconnu comme une figure majeure du mouvement des droits civiques, militant pour la cause noire et homosexuelle aux Etats-Unis.
Il né le 2 août 1924 à Harlem à New York. Passionné par la lecture dès le plus jeune âge, il développe un véritable don pour l’écriture dans lequel il se réfugie, tout en ayant conscience des limites que sa couleur de peau lui impose dans une Amérique ségrégationniste et raciste y compris dans le Nord.
Son beau-père, prédicateur, voulait qu’il le devienne à son tour, mais James Baldwin s'est complètement détourné de l'église pendant son adolescence, époque à laquelle il commence à prendre conscience de son homosexualité.
Après avoir obtenu son diplôme d'études secondaires, il rencontre l’écrivain afro-américain Richard Wright qui devient son mentor et l’aide à éditer son premier roman Go Tell It On the Mountain (La conversation) en 1953 où il évoque sa relation avec sa famille et l’Eglise.
Excédé du racisme qu’il subissait aux Etats-Unis, il décide de partir s’installer à Paris à l’âge de 24 ans. Il y publie son second roman La chambre de Giovanni en 1956, racontant les frustrations et les sentiments d’un Américain homosexuel vivant à Paris.
En abordant les questions de masculinité et d’homosexualité, 13 ans avant les émeutes de Stonewall, le livre est précurseur dans le mouvement des droits des homosexuels. Bien que Baldwin affirme que « la question sexuelle et la question raciale ont toujours été mêlées », dans La chambre de Giovanni, tous les personnages sont blancs. Son éditeur lui avait suggérer de « brûler » le livre qui nuirait à sa carrière, car le thème de l’homosexualité l’éloignerait de son public noir. En 2019, La chambre de Giovanni a été classé parmi les 100 romans les plus influents par la BBC.
Au moment de la publication de La prochaine fois le feu en 1963, Baldwin devient un porte-parole des droits civiques aux Etats Unis. Son essai est toutefois critiqué par plusieurs nationalistes noirs qui jugent son attitude trop conciliante, mais James Baldwin assume dans ses essais, de s’adresser à un public blanc afin de l'aider à mieux comprendre le point de vue des Noirs américains et leur lutte pour l'égalité des droits.
Mais c’est finalement en France qu’il finira par s’établir, à Saint-Paul-de-Vence où ses nombreux amis artistes et activistes le visitaient.
En 2016, Raoul Peck réalise le documentaire I am not Your Negro retraçant la lutte des Noirs américains pour les droits civiques à partir de Remember This House de James Baldwin, le manuscrit d’un texte engagé inachevé. La clé de ce titre, se trouve dans l’interview de l’écrivain du 16 avril 1963 dans l’émission Bookshelf de la BBC : « Quand je dis que je ne suis pas un negro, ce n’est pas que j’ai honte ou peur d’être noir. […] Dans le cadre de la République américaine, le fait d’être un negro c’est un terme spécifique et lourdement chargé, c’est un terme utilisé par la République qui a pour dessein de vous prouver que vous n’en faites pas vraiment partie ». Le film est nommé aux Oscars en 2017 et remporte le César du meilleur film documentaire l’année suivante.
Baldwin meurt en 1987 à l’âge de 63 ans, en ayant marqué son époque par l’ampleur de son œuvre et ses nombreuses prises de position engagées. Bien que qu’il soit souvent qualifié de porte-parole des minorités raciales et sexuelles, lui préférait se présenter ainsi : «un témoin d'où je viens, où je suis. Témoin de ce que j'ai vu et des possibilités que je pense voir. »
Sources d'informations
- “James Baldwin: The Writer and the Witness”, Marcy Held, National Portrait Gallery.
- Emission de radio : “James Baldwin : le "nègre" de personne”, Barbara Marty, Radio France
- Interview de James Baldwin le 16 avril 1963 dans l’émission Bookshelf de la BBC.
- In the Dark Room: Homosexuality and/as Blackness in James Baldwin’s Giovanni’s Room, Josep M. Armengol, University of Chicago Press Journal